La plupart des auteurs ne pensent pas à devenir célèbres quand ils pondent leur manuscrit. Et s'ils y pensent, il faut souvent qu'ils ramènent leur égo à plus d'humilité : les éditeurs et les lecteurs n'attendent pas après eux, à moins qu'ils fassent partie des grands, des très grands auteurs,... et même ! cela ne dit pas qu'ils seront choisis. Ce choix des éditeurs est avant tout commercial et les auteurs sont foison.
Dans les salons et dédicaces, de nombreuses personnes du public confient qu'elles écrivent, demandent des conseils pour être éditées. Les premiers conseils pourraient être :
- Armez-vous de courage et de patience !
- Soyez tenace !
- Relisez-vous !
- Faites un choix d'édition selon votre ambition. Que voulez-vous devenir ?
= Un produit marketing sans âme qu'on vend dans les grandes surfaces ?
= Un best-seller reconnu de tous ?
= Un auteur célèbre dans la France et les pays francophones ?
= Un auteur connu dans sa région ?
= Un auteur confidentiel, connu par un environnement peu étendu, la famille + les amis + le lieu de résidence... ?
= Un auteur familial, qui raconte des histoires et compose des biographies ?
Ce choix vous est personnel, et cette liste n'est pas exhaustive.
Ensuite, il va falloir vous donner les moyens d'arriver à vos fins. Et là, il ne faut pas rêver : il y a beaucoup de candidats et peu d'élus. Vous pouvez avoir la chance, comme le disait Alexis Jenny, que votre premier roman soit publié par une grande édition et primé par le Goncourt. Vous pouvez aussi recevoir pendant vingt ans les retours de vos manuscrits, parce que vous ne correspondez pas à la ligne éditoriale... sans que votre interlocuteur(trice) ne vous dise qu'elle est cette ligne, ni pourquoi vous êtes en marge.
Alors, las, vous écoutez les conseils, chinez sur le web, et choisissez une édition qui vous paraît bien honnête, ma foi ! Depuis le milieu des années 2000 existent des "éditions" qui vous proposent en ligne de publier vos écrits. Leurs offres sont bien alléchantes pour des personnes qui ne sont pas au courant. Après, il est difficile de lâcher la proie pour l'ombre en résiliant le ou les contrats de parution.
Premièrement, vérifier l'existence de cette édition, de sa notoriété, et étudier ce qu'elle publie. Beaucoup publient tout et n'importe quoi... ce qui n'est pas très engageant pour les lectrices et lecteurs sérieux : ils hésitent à acheter un livre à des auteurs peu connus, ne sachant pas s'ils vont tomber sur un farfelu sans imagination ni cohérence, qui ne sait pas manier la langue française.
Mais, déjà, un peu de sémantique pour débrouiller les termes techniques :
• L’édition d’un texte « à compte d’éditeur » signifie que l’auteur ne paie pas les services contractuels comme l’impression et la diffusion du livre… (mais l’édition peut éventuellement lui proposer...) ;
- « à compte d’auteur » signifie que l’auteur paie l’impression et la diffusion du livre. Certaines éditions disent qu'elles sont à cheval entre les deux, annoncent qu’elles publient « à compte d’éditeur », mais demande une participation… Il faut se méfier de chaque clause du contrat, des publicités biaisées, mensongères ou à la limite.
• Donc, l’édition envoie un contrat, et les clauses de ce contrat sont à examiner à la loupe :
- La diffusion : Vérifier que l'édition ne vous fait rien payer, qu'elle fait la publicité, qu'elle prend les contacts, qu’elle fait la promotion, qu’elle participe à des salons, qu’elle a des partenaires,… S'assurer que les promesses sont tenues, et que, par exemple, elle organise bien les conférences, séminaires, dédicaces,…mentionnés dans sa publicité. Vend-elle vraiment les ouvrages en ligne ? Fait-elle payer la 1ère de couverture couleur et autres services gratuits dans d'autres éditions ? A quel prix propose-t-elle ses livres (c'est toujours elle qui décide du prix) ?
- Les Droits d’auteurs : Quel est le pourcentage sur les ventes ? Les romanciers que je connais semblent souvent trouver 10 % acceptable.
Les droits d’auteurs sont-ils payés à partir de la première vente ? Les éditions imposent leurs clauses, certaines ne paient de droits d’auteurs qu’à la 51ème vente de chaque livre que vous éditez, d’autres imposent un nombre encore plus grand (501)...
Les droits d’auteurs sont-ils payés sans limite de somme ? Des éditions ne versent pas les droits d’auteurs en fin d’année s’ils n’atteignent pas une certaine somme, et reportent le paiement à l’année suivante… s’il atteint cette même somme.
- Les conditions de rupture du contrat : Se méfier de la rupture de contrat trop facile pour l’édition et difficile pour l’auteur. Veiller à ce que la rupture du contrat ne soit pas au seul bénéfice de l’édition.
Attention ! beaucoup d'officines portant le nom d'édition ne font que vendre des livres et des services aux auteurs... qui sont systématiquement en déficit. Même si vous ne recherchez pas le pactole, vous serez bien aise d'équilibrer votre budget, surtout si vous vous déplacez pour des salons... Les petits bénéfices peuvent être avalés par les frais de port des livres, les réductions sur la quantité de livres achetée peuvent être destinées à des nantis qui commandent beaucoup.
Méfiez-vous des auteurs et autres personnes qui recommandent une édition ou une autre. Ce qu'elles oublient souvent, c'est que nous ne somment pas tous prêts à débourser des millers d'euros pour se faire éditer... et le regretter ensuite ; que nous préférons peut-être le respect de nos écrits et de leur auteur ; que notre apreté au gain n'est pas aussi aigue que la leur... Un petit tour dans des forums de ces dernières années : forums sur des éditions
Depuis quelques années, il y a d'autres solutions : Les imprimeries en ligne (se donnant parfois le nom d'édition) qui, en même temps, vendent vos livres. C'est un autre monde, mais cela ne change rien pour l'auteur qui garde le même statut en devenant auto-éditeur. Il va avoir plus de responsabilité dans la création de son livre, mais sera peut-être payé de retour.
Exemple : Vous mettez votre livre au format demandé par l'imprimeur, et vous faites une simulation en ligne pour savoir quel sera le prix de fabrication de votre livre. A ce prix de fabrication, vous ajoutez les royalties que vous avez choisies, et décidez donc du prix de vente au public. Si "l'imprimerie" vend votre livre, elle vous verse vos royalties. Si c'est vous qui vendez votre livre, vous empochez directement vos royalties. Pas d'intermédiaire = plus gros pourcentage sur chaque livre = équilibre possible des comptes. Bien sûr, c'est vous qui assumez la publication, la diffusion et la publicité... mais la plupart des petites éditions ne s'en chargent pas, alors !
QUELQUES DÉTAILS :
- URSSAF : Que vous soyez édité par une édition extérieure ou auto-éditeur, vous devez vous déclarer à l'URSSAF. A vous de décider le statut que vous désirez. Les renseignements donnés par différents agents de l'URSSAF diffèrent, et beaucoup d'auteurs pataugent. Demande-t-on à un écrivain, un BDiste ou une illustratrice d'avoir des capacités en comptabilité, une formation juridique et une aptitude à comprendre un langage administratif hermétique ?
Nous avons entendu au moins cinq versions différentes... Si vous téléphonez à l'URSSAF, vous n'avez pas de preuve de ce qui vous est déclaré. Si vous écrivez par son site, il vous est promis une réponse sous quinze jours, et vous l'avez un ou deux mois plus tard, si vous avez une réponse. Prendre rendez-vous ? Si vous habitez une préfecture, c'est possible. Par contre, comme par enchantement, l'URSSAF saura vous joindre et vous renseigner si vous oubliez de vous déclarer et de régler les cotisations. Un lien qui vous conduira au labyrinthe de l'URSSAF.
- IMPÔTS : Vos ventes doivent être déclarées aux impôts :
Editeurs extérieurs : Vente par votre édition = droits d'auteurs = impôts sur le revenu. Vente directe ou par votre imprimeur = déclaration des bénéfices ou déficits en "Bénéfices Non Commerciaux" (BNC). Les modalités sont très simples et vous ne payez que si vous déclarez un bénéfice substantiel.
Auto-édition : Vous déclarez tout en Bénéfices Non Commerciaux.
- Les éditions et imprimeries en ligne, et certaines imprimeries locales, impriment les livres à la commande (pas de stock) et font des réductions sur la quantité demandée (plus importantes chez les imprimeurs, semble-t-il).
- En auto-édition, il est recommandé de bien évaluer les royalties si c'est vous qui les choisissez. En effet, si vous voulez déposer des ouvrages chez un revendeur, il faut évaluer le pourcentage qu'il vous demandera. Des librairies (ou autres commerçants) demandent de 20% à 30%, ce qui laisse une petite marge à l'auteur. D'autres demandent entre 30% et 50%, ce qui peut revenir à les payer pour qu'elles vendent vos livres.
- En auto-édition,
= vous devez demander un numéro (ou 10 numéros) ISBN à l'AFNIL. Pour créer le code-barre de cet ISBN et l'imprimer au dos de votre livre (obligatoire), vous téléchargez gratuitement un logiciel (Par exemple : Code-Barre-Generator, mais il y a d'autres choix). = Vous devez imprimer obligatoirement le prix de votre livre au dos (4ème de couverture, près de l'ISBN).
= Vous déclarez tous vos revenus en Bénéfices Non Commerciaux, aussi bien les royalties de l'imprimeur qui vend
vos livres en ligne que vos ventes en direct.
= Vous devez déclarer vos gains à l'URSSAF et payer les cotisations.
- Une fois édité, vous avez les pleins droits sur vos livres, vous pouvez vous-mêmes vendre vos livres sur votre site par e-commerce,... Mais vous ne pouvez pas éditer le même livre chez deux éditeurs en même temps.
NB : chaque réédition impose un nouveau numéro ISBN. Les numéros ISBN sont nominatifs.
ET APRÈS ?
Après, chacun se débrouille comme il peut. Même si vous êtes le meilleur auteur du siècle, personne n'attend votre avènement. Il faut garder une certaine humilité, et ne pas croire, comme beaucoup, qu'il suffit de s'asseoir derrière une table, en dédicace ou salon, pour vendre tout son stock. On peut même dire que, avant même la Crise tant chantée, les ventes des auteurs ont baissé considérablement. Il faut être là, bien présent, s'adresser au chaland au moins par un signe de tête, un « bonjour ». Si les ventes ne viennent pas, cela peut être dû à de nombreuses causes extérieures et incontrôlables. Mais cela peut être aussi dû à l'attitude de l'auteur, à son air renfrogné, peu avenant, endormi ou indifférent. Bon ! mais "quand ça veut pas, ça veut pas !". Malgré tous nos efforts, le public peut s'intéresser exclusivement à d'autres auteurs, d'autres genres d'écrits ou de dessins...